Préambule
Parce qu'après coup, on se dit que certains signes ne trompent pas. Cela faisait 3 jours que je rangeais la maison, besoin intense de faire mon nid. J'ai pris une douche le 6 au soir, ce n'était pas arrivé depuis plusieurs mois (je préférais la douche le matin). Tom a eu beaucoup de mal à s'endormir ce soir là ! J'ai immortalisé un doux moment musical in utéro.
Et donc...après m'être endormie un peu tard moi aussi (vers minuit je pense), me voilà réveillée par une envie d'aller aux toilettes. Je vais faire pipi, et en me recouchant, je ne sais pas, je ne me sens pas top, comme l'estomac lourd. Je me retourne pour changer de coté, et je sens couler du liquide. J'attrape de quoi mettre entre mes jambes et me précipite aux toilettes. Ce sont les grandes eaux...1ère pensée : aie, ce que je redoutais : perdre les eaux en début de travail. Je suis tout de même toute excitée ! Ca y'est, c'est le moment ! Je repense en souriant à la soirée passée et je me dis que les signes étaient là ! Tom dort dans mon lit, donc je vais me mettre dans sa chambre histoire de ne pas le déranger. J'attrape une alèze parce que ça coule très régulièrement et me demande quand prévenir Magalie (ma doula). Pas trop de contractions pour le moment, donc je choisis d'attendre un peu, mais pas longtemps finalement. Les contractions commencent doucement, et donc au bout de quelques minutes, je décide de lui envoyer un message. Je me sens un peu angoissée, j'ai besoin de lui dire d'autant qu'elle a 1h de route. Nous échangeons sur mon ressenti et elle me demande de la prévenir quand je veux qu'elle parte. Je la fais venir assez rapidement, j'ai besoin d'elle pour me sentir plus sereine. En l'attendant, je descends dire à mon homme qui dort sur le canapé que le travail commence, et je mange car j'ai super faim ! Il faudrait que je me repose aussi, mais je suis vraiment excitée ! Je sens de plus en plus les contractions, mais je les gère sans problème. Mon homme s'occupe de monter la piscine (que nous n'avions pas eu le temps de tester). Nous essayons de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Tom qui dort juste au dessus. Il faudra donc gonfler la piscine au pied ! (le gonfleur electrique fait beaucoup trop de bruit). Ca occupe bien mon homme, et moi, je prends le temps d'allumer les bougies et de relire les messages laissées par mes amies lors de mon blessing way. J'envoie également quelques sms aux personnes qui avaient émis le souhait de savoir quand le travail commencerait, même de nuit. Pour gérer les contractions, je me mets sur le ballon et je souffle doucement. Ça suffit pour l'instant. Quand Magalie arrive, il doit être environ 4h30 du matin, je suis sur mon ballon, je gère, je souffle tranquillement. J'ai l'impression que le travail s'intensifie, même si les contractions ne me paraissent pas de même intensité à chaque fois. Elles sont plutôt longues (environ 1 min 30, j'ai compté les premières avec une application), et je les sens un peu partout dans le ventre et dans les reins. A l'arrivée de Magalie, j'ai une contraction qui me fait vraiment mal dans le ventre avec une sensation de descente du bébé. Magalie me propose d'aller dans la piscine, je m'y mets et apprécie particulièrement l'eau chaude sur mon dos ! Je continue tranquillement d'accueillir les contractions et de les gérer. C'est plutôt cool jusque là, et entre les contractions, on papote, on rigole. Comme je dis à mon homme, tant que je ris, c'est que ça va ! Au bout de 45 min, je ressens le besoin de me dégourdir les jambes. J'hésite un peu à sortir de l'eau, mais je me dis que je pourrais toujours y revenir plus tard. Je me ré installe donc sur le ballon. J'ai encore l'impression que les contractions s'intensifient, que j'ai plus de mal à les gérer. D'ailleurs, j'ai besoin des mains d de mon homme ou de Magalie pour me concentrer sur ma respiration. Mon homme s'installe en face de moi sur le canapé, je me blottis contre lui pendant que Magalie me masse le dos avec une synergie d'huiles essentielles. Je me rends compte que j'ai du mal à me mettre dans ma bulle, que je mentalise beaucoup ce qui se passe. A chaque contraction je me dis que c'est mon col qui s'ouvre, que tout va bien, qu'il faut que j'accompagne mon bébé. Je n'arrive pas à me détendre, à m'abandonner, je le sens. Magalie me rassure, me propose encore un massage. Les contractions continuent d'augmenter en intensité, j'ai alors besoin de vocaliser. Je demande à Magalie de faire venir la sf. Je ne me souviens plus de l'heure à laquelle elle est arrivée. Je sais juste que je n'avais plus très envie de rire, que je me sentais en plein travail et que j'essayais de gérer au mieux. A son arrivée (vers 7h30), Chantal, la sf, veut m'examiner. C'est pénible pour moi de m'allonger sur le canapé, je ne suis pas bien dans cette position. Elle examine mon col et me dit « bon, c'est en route, ton col est très souple et ouvert à 3 cm ». Je suis abasourdie ! 3 cm !!!??? c'est tout...Là, mon moral en prend un coup ! J'avais tellement l'impression que le travail était beaucoup plus avancé ! Chantal me rassure en me disant que mon col est souple, qu'il faut donc juste que bébé appuie dessus et que ça devrait aller. Je me remets debout, puis sur le ballon, Magalie me prend dans ses bras pour m'encourager. J'ai la sensation que je n'y arriverai pas... Chantal me dit qu'il faut que j'aille uriner, ça me fera bouger, et laissera de la place pour bébé. J'y vais avec mon homme (c'est à l'étage), toujours en prenant soin de ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller Tom. Chantal semble préparer tranquillement les choses, je l'entends de loin, je suis tellement abrutie par cette nouvelle qui me mine ! De retour dans le salon, elle me dit qu'il faut que je me repose entre les contractions, et donc me fait installer sur le canapé allongée sur le coté droit, des coussins entre les jambes. Je n'aime pas trop cette postion mais je me dis qu'elle doit savoir ce qu'elle fait, et m'y plie donc. Magalie et mon homme se relaient auprès de moi pour m'aider à gérer les contractions. Je ne vocalise plus, je respire simplement, j'essaie un maximum de me détendre. En effet, je dois être fatiguée car entre les contractions, j'arrive à m'assoupir ! Je crois même que je me suis endormie à un moment. Aun moment, j'entends vaguement la voix de Tom. Je saurai après qu'il s'est réveillé vers 8h et que mon homme l'a descendu de suite chez mes parents. A son retour, il est 8h15. De nouveau, je ressens le besoin de vocaliser. Les contractions sont plus fortes. Comme Magalie et mon homme remplissent la piscine, je me dis que je vais pouvoir y aller. Une nouvelle contraction me fait appeler mon homme à la rescousse. Je me dis que cette fois, si je veux aller dans l'eau, c'est le moment. Et là, tout d'un coup, je ressens une sensation hyper puissante jusqu'alors inconnue ! Ca fait incroyablement mal puis ca pousse !! Le temps de comprendre ce qui se passe, je le dis à Charles et Magalie, j'entends Magalie qui va chercher Chantal. C'est aussi soudain que puissant ! À partir de là, je me mets à hurler !! J'ai l'impression que tout mon corps va sortir de moi, je panique devant cette sensation ! Chantal arrive rapidement, elle m'examine (je suis toujours allongée sur le coté) et me trouve un col à 8. Mais ça pousse alors elle me dit de me mettre comme je me sens mieux. Les secousses (c'est comme ça que je les ressens) sont plutôt rapprochées ! Je suis maintenant à genoux devant le canapé, mon homme devant moi. Je hurle à chaque contraction de poussée, j'ai du mal à reprendre mon souffle, je suis térrorisée par ces sensations ! Chantal place le doppler pour écouter bébé et me dit qu'il faut que je le fasse sortir, que j'accompagne les poussées et donc mon bébé dehors. Elle me demande de me tourner pour me mettre accroupie puis finalement m'installe sur le tabouret de naissance. Elle me répète qu'il faut que je fasse sortir mon bébé. Je suis dans une espèce de bulle où tout m'arrive atténué, j'entends juste la voix de Chantal qui me guide, celle de Magalie qui est à ma gauche et m'encourage, et mon homme derrière moi qui suit les conseils de Chantal et m'encourage également. Je comprends que le cœur de mon bébé ralentit et qu'il faut que je l'aide un maximum. Charles a peur, je le sens, il redouble d'encouragements. Chantal me guide dans les poussées, car il semble que je ne pousse pas efficacement (ça alors !, si je m'y attendais!). Tous m'encouragent, je vois le rythme cardiaque de mon bébé ralentir sur le monito, je prends peur moi aussi et redouble de vigilance quant au coaching de Chantal ! Elle continue de me guider, me parle des sensations que je vais avoir au moment du passage de la tête. Je donne tout, je pousse de toutes mes forces pour accompagner mon bébé vers la sortie et je la sens enfin cette sensation de cercle de feu ! La tête passe, j'ai l'impression un peu difficilement. Je mets ma main pour la sentir, j'en ai besoin ! Je ne vois plus rien, j'ai les yeux fermés je crois. Je respire aussi efficacement que je le peux, me sert des encouragements toujours présents de Charles, Magalie et Chantal. Je comprends que Chantal enlève le cordon autour du cou de mon bébé, et l'entend encore me dire « aller, tu le fais sortir ! ». Dans un dernier effort, je sens le corps de mon bébé passer aidé par Chantal, je ne sais pas encore comment. Je suis complètement sonnée, je n'ai pas vu mon bébé naître, quand j'ouvre les yeux, il est devant moi, sur le coté et pleure. Je me mets à pleurer aussi, demande à Chantal si il va bien. Il rosi, mais sa tête est encore un peu bleue. Mais il pleure. Il est beau !! Chantal me demande de le laisser par terre un petit peu pour qu'il récupère grâce au sang du cordon (c'est ce que je comprends). Mais j'ai terriblement envie de le prendre !!! Je le rapproche de moi, je lui parle, le rassure autant que je peux tout en me disant que c'est fini, qu'on y est arrivé ! Sans trop attendre, je le prends dans mes bras, il faut que je l'ai contre moi mon petit amour, il pleure... Valentin récupère bien, je peux enfin le prendre plus haut contre moi. Je m'installe contre le canapé pour permettre la délivrance, et mets Valentin près de mes seins pour lui permettre de téter.. En écrivant, je me rends compte que je ne me souviens pas très bien de ce moment...c'est assez bizarre. Tout le monde me félicite, je profite de mon bébé, le rassure autant que je peux, embrasse mon homme. Valentin est né à 8h55. Pile poil 6h après la perte des eaux.
La délivrance... Je ne suis pas très bien installée, mais il semble que la délivrance prenne du temps. Chantal me demande quand j'ai des contractions, essaie de m'aider à expulser le placenta par des pressions et massages sur le ventre. Plusieurs fois, elle me fait mal, je la repousse énergiquement ! J'essaie de rester dans ma bulle malgré tout, j'ai mon bébé contre moi, mais ces douleurs toujours présentes ! On m'avait pourtant dit qu'elles s'estompaient immédiatement, ce n'est pas le cas pour moi ! Je n'ai pas du tout la notion du temps, mais Chantal finit par demander à Charles de préparer la voiture pour aller à la maternité. L'expulsion prend trop de temps. Je la vois qui commence à préparer de quoi me poser une perf. J'ai mal, les contractions sont de nouveau intenses mais là, plus de bébé à faire sortir ! Je me retrouve seule avec Magalie, qui m'encourage à nouveau. Je ne veux pas aller à la mater ! J 'essaie d'accompagner les poussées. Ce serait trop dommage d'aller à la mater maintenant ! Je me mets à genoux, Magalie est à coté de moi et m'encourage. Et enfin, la contraction de la délivrance ! Le placenta sort d'un coup. Ca me fait la sensation d'une 2e tête de bébé ! Il me paraît énorme ! Chantal revient, me félicite et cette fois, j'ai bien mérité mon repos sur le canapé avec mon bébé en peau à peau ! C'est terminé ! Je peux profiter ! Il aura fallu 1h30 pour faire sortir ce fichu placenta. Un placenta énorme, mais entier, ouf ! Magalie fait une empreinte avec de la peinture rouge ( à ma demande) après que Chantal en ait fait quelques une avec le sang. Nous avons gardé le placenta pour l'enterrer dans notre sous bois. Ah, petit détail...le ralentissement cardiaque de mon bébé était dû à un nœud du cordon ! Monsieur a tellement bougé in utéro qu'il a réussi à faire un nœud. Aucun retentissement pendant la grossesse car il devait être lâche (la circulaire était lâche aussi). Mais à la sortie, le passage du nœud a entrainé le ralentissement cardiaque.
J'ai passé le reste de la journée sur mon canapé. Tom est venu rencontrer son petit frere en fin de matinée, c'était très émouvant.
J'ai eu besoin d'un peu de temps pour savourer pleinement cette naissance. Toutes ces sensations innatendues et inconnues, la frayeur de la fin et la longue délivrance m'ont fait dire « plus jamais ! »
Aujourd'hui, Valentin a 4 jours, je suis si heureuse d'avoir pu lui offrir cette naissance, heureuse de l'avoir partagée avec mon homme, Magalie et Chantal. Chacun a trouvé sa place naturellement pour permettre une merveilleuse naissance. Et surtout, je nous félicite chaque jour Valentin et moi pour ce travail accoompli ensemble. Je me sens tellement fière et forte que, oui, sans hésiter, je recommencerais !
Samantha - 07/11/2016