Histoire d’une naissance
9 mois de grossesse tranquilles après avoir longtemps attendu son arrivée dans nos vies…
Maman était venue passer le dernier mois à la maison avec nous parce que F. travaillait loin et que cela le rassurait.
Ce dimanche là, nous sommes allés manger au restaurant puis faire un petit tour dans les rues d’Albi. Au moment de rentrer, j’ai dit que j’avais envie de roder, de voir les lumières de la ville. Et nous voilà partis en voiture, faisant le tour des monuments de la ville pour les voir illuminés. Retour tardif à la maison et nuit tranquille.
Vers 5h du matin, je suis réveillée par la sensation d’un liquide qui coule : poche des eaux percée. Direction le service maternité de l’hôpital d’Albi comme nous l’avaient conseillé les sages femmes. Arrivée dans le silence de l’hôpital endormi, reçus par une sage femme et monitoring. Pas de contractions. Elles commencent à se manifester une heure plus tard.
Pour se préparer à la naissance de notre enfant, nous avions fait le choix de l’haptonomie. Dans cet accompagnement, nous avions appris des techniques pour supporter, accepter la douleur des contractions. A l’arrivée des premières, une envie de déambuler me prend. Nous voilà partis dans les couloirs de l’hôpital, traversant tous les services et tous les étages. A chaque contraction, je pose les mains sur un mur et F. bascule mon bassin pour accompagner la vague de la contraction : soulagement immédiat. Nous avons marché des heures, toute la journée du lundi dans cet hôpital.
A intervalle régulier, la sage femme me fait un monitoring. Chaque fois que je me retrouve en position allongée, les contactions ralentissent. Et à chaque fois, l’envie de marcher me reprend. De 8h du matin à 17h le soir, nous avons marché. Parce que je n’ai que ça en tête. Et puis vers 17h, une contraction me submerge, la douleur puissante me dépasse et je crois m’évanouir.
Trop fatiguée, je cède à l’envie de ne plus ressentir de douleurs et je demande la péridurale alors que je n’en voulais pas, alors que j’avais imaginé une naissance sans. La péridurale est difficile à mettre en place. Une fois installée, je m’endors jusqu’à 21h. Là, les contractions sont plus fortes, mon col est presque complètement dilaté. Pour aider, le sage femme pratique un décollement des membranes. Il me prévient que je vais devoir bientôt commencer à pousser.
Commence alors un marathon de poussées ; coachée par F. qui m’encourage, j’essaye de toutes mes forces d’emmener mon bébé vers la sortie. Malgré tous mes efforts et au bout de 45 mn de poussées infructueuses, mon bébé est toujours au chaud, on aperçoit seulement le haut de sa tête. Le sage femme décide alors de faire appel au gynécologue. Lorsqu’il arrive, il m’indique que bébé a la tête renversée et qu’il faut l’aider à sortir avec des spatules. Epuisée, inquiète pour ma petite fille, je laisse faire et dans un dernier effort, Léa est sortie ; je l’ai sentie glisser hors de mon corps.
Le sage femme me l’a tout de suite posé sur le ventre et je constate avec joie qu’elle va bien. Elle est là contre moi, cherchant déjà mes seins pour s’y blottir. Quel bonheur ! Quelle joie ! Nous sommes restées ainsi blotties l’une contre l’autre et je découvre avec émerveillement ce petit bout de nous qui a grandi en moi pendant tous ces mois.
Mais le corps médical reprend ses droits. Léa part dans les bras de son papa avec la sage femme.
Mon gynécologue me rappelle à la réalité. Episiotomie, recoudre sont les seuls mots que je retiens de sa phrase. Il commence son œuvre et là la douleur est terrible. La péridurale ne fait visiblement plus effet. L’anesthésiste, sommé de se déplacer, ne trouve rien à redire. Pour lui tout va bien et il repart. Mon gynécologue finit par anesthésier localement les chairs pour que je ne souffre pas. Durant cette intervention, F. est revenu avec Léa dans les bras. Au vu de ce qui se passe, il ressort dans le couloir avec notre bébé pour qu’elle ne m’entende pas crier.
Puis je l’ai enfin retrouvé ! Collées l’une à l’autre, en peau à peau, posées hors du temps, F. à nos côtés, il n’y a plus que nous.
La naissance de mon premier enfant ne s’est certes pas déroulée comme je l’avais imaginé, mais une fois qu’elle a été là, posée sur ma peau, blottie contre moi, j’ai tout oublié. Ne comptait que le bonheur de l’avoir avec nous.
Sandrine – le 14/10/2004