30 juin: voilà quelques jours que je fais du faux travail le soir durant 2-3h. A 16h les résultats du BTS tombent: je suis admise. Cool, une bonne chose de faite, peut être que le faux travail était lié à cette attente? 17h: je pense à moi, à autre chose qu'à l'accouchement : coiffeur, shopping, je savoure mon diplôme, que ça fait du bien! Minuit environ, devant "la belle verte" avec ma mère, qui va venir vivre chez moi indéfiniment pour m'aider. Je me lève et me sens mouillée, ai-je fissuré? Bonne question. Je ne suis pas sûre.
1er juillet, 17h : j’échange avec ma sage femme I.K. car la fissure se confirme dans ma tête. Mais j'ai toujours un doute. On décide ensemble que c'est arrivé environ vers 15h et on se donne donc 24h. Je marche sans répit, je fais le tour du village maintes fois, pour que ça se mette en route. J'ai des contractions, je les gère bien; parfois je suis obligée de m'arrêter le temps qu'elles passent. Je me couche en priant fort que le travail se lance car je ne veux pas aller à la maternité. J'ai toujours quelques contractions mais irrégulières et assez espacées. Je dors très peu car je cogite.
2 juillet : je retourne marcher. Ma sage femme arrive vers 15h. La fissure est bien confirmée et grosse surprise, je suis déjà à 5 cm ! Je n'en reviens pas et je lui demande les larmes aux yeux : "le travail est lancé? On ne va pas à la mat ?!" Elle me dit que ce sera pour aujourd'hui, avant minuit! Monitoring: contractions chaotiques, très irrégulières, des petites, des grosses, beaucoup que je ne sens même pas. Elle installe ses affaires et s'en va faire une consultation de terme pas très loin. Je l'attends sagement en marchant et en faisant du ballon.
19h, la revoilà. Je suis à 7cm! Super, ça avance, mais lentement. Elle reçoit un coup de fil. Une dame contracte toutes les 2 minutes depuis 2h et est à 1h de route d'ici. Oups, la nuit va être longue pour elle. Je sens que les questions défilent dans sa tête. Je lui fais donc couler un bon café, on papote dans le salon toutes les 3. Je gère très bien les contractions et sens que ça s'intensifie un peu. La piscine se rempli tranquillement au milieu de la chambre du futur bébé. Elle me prend dans ses bras tout en caressant mon ventre, elle me dit des mots rassurant, elle est très douce.
Je me mets à 4 pattes sur le lit, que ça fait du bien au dos !!! Ma maman vient me caresser et masser le dos avec ses mains toutes chaudes, c'est très agréable et fait un bien fou.
20h : 8 cm, on décide de percer la seconde poche pour accélérer le travail car c'est toujours un peu irrégulier. En effet ça s'intensifie d'un coup. Les contractions sont encore plus puissantes. Waouw ! Quelle puissance, quelles sensations, j'adore vraiment ! Je m'installe dans la piscine, l'eau est très chaude, ça fait tellement de bien ! Ma sage femme me dit toujours des belles paroles et est auprès de moi dans sa douceur et bienveillance. Comme je l'aime cette femme ! Là, j'entre totalement dans ma bulle, plus rien n'existe autour de moi. Je ne les entends même plus lorsqu'elles parlent. J'ai chaud, trop chaud. J'accueille avec joie chaque contraction. J'ai soif. Maman m'apporte de l'eau et I.K. me donne de la vitamine, je sens que je n'ai pas de force. Tout va bien, je ne vois plus rien, je n'entends toujours rien. J'aimerais que cet instant dure une éternité. Je suis tellement bien, détendue et j'aime tellement ces sensations. Puis elles ferment la fenêtre et je veux qu'elles rouvrent, j'ai chaud. Elles me disent que non il est temps de fermer, que le bébé arrive et qu'il ne faut pas de courant d'air. Je leur réponds qu'elles peuvent ouvrir, que ce n'est pas encore le moment. Elles refusent. J'étais tellement stone que je ne captais même pas lorsqu'elle m'examinait. Pour moi je suis toujours à 8 et je suis bien comme ça, dans cette bulle et avec les contractions qui me serrent le bas du ventre, le dos et les hanches. Mais non je suis à dilatation complète, mais je ne le sais pas. Je ne veux pas? Elle me demande si je sens pousser. Non. Elle me dit qu'il est temps de laisser venir mon bébé.
Elle essaye de me guider en suivant les contractions et me dit qu'il faut que je trouve mes appuis et que je pousse. Je ne peux plus être à genoux. Ces derniers jours j'ai peu dormi et peu mangé, je manque cruellement de force et j'ai même du mal à changer de position. Je n'arrive pas à pousser, je suis bien comme ça et j'ai envie de dormir, je ne comprends pas pourquoi elles me répètent que c'est le moment. Comment elles peuvent savoir elles d'abord ?! D'un coup, je bondis hors de l'eau et file sur le lit. J'ai compris que je n'arriverais pas à donner la vie dans l'eau. J'ai trop chaud et je suis tellement à bout de force. J'essaye de me mettre à 4 pattes mais c'est trop dur, je croule sous la fatigue et je préfère m'allonger sur le dos. Je sais que ce n'est pas la meilleure position mais je ne peux faire autrement.
Je sens une inquiétude flotter. I.K. me demande mon bras pour vérifier mon pouls et je les entends vaguement. J'ai vu leur échange de regard plein d'inquiétude. Je comprends. Depuis 20 minutes c'est mon cœur au monitoring, et plus le bébé. Elle me dit qu'il ne faut plus perdre de temps et que c'est maintenant. Pour moi ce n'est toujours pas le moment, je suis bloquée à 8 dans ma tête. Je sens de la panique autour de moi, elle a ses doigts en moi et me dit qu'elle va m'aider, que le bébé à besoin de nous. Je comprends que son cœur ralentis et elle me dit qu'il est dans une position inconfortable et qu'il faut absolument que je lui donne de l'oxygène. Son débit de paroles s'accélère. Je sens ma mère inquiète. Elles me disent voir les cheveux, qu'il arrive mais que je vais devoir suivre à la lettre ce qu'elle me dit, que c'est très important. Je sens une contraction et enfin l'envie de pousser, mais elle me dit de ne surtout pas pousser et de respirer très fort pour d'abord lui redonner de l'oxygène. Je sens qu'elle écarte en même temps pour aider. Je ne sais pas trop ce qu'elle fait mais je lui fais confiance. La contraction se termine et elle me dit de pousser! Horreur !!! Plusieurs fois comme ça. Je n'arrive pas à pousser et ça vire au cauchemar dans ma tête, je me sens incapable, affreuse de laisser mon bébé coincé dans le bassin sans savoir quoi faire. Je m'imagine les pompiers arriver, une césarienne en urgence sur mon lit, puis je me dis que NON c'est hors de question, je n'ai pas fait tout ce chemin pour en arriver là, je me ressaisie et me dis que c'est maintenant, qu'il faut que ce bébé sorte immédiatement, que je ne peux pas le laisser coincé comme ça plus longtemps. Les bras en appui sur le mur derrière, les pieds sur les mains de ma maman devant, I.K. entre nous deux, je pousse tellement fort que je sens le lit se déplacer. Dans ma tête je me dis : "aller mon amour, il faut que tu sortes. Tu vas être bien avec nous. Je t'en prie, il faut que tu viennes. Je t'attends et j'ai hâte de te rencontrer".
I.K. et maman m'encouragent beaucoup, elles crient fort ! La panique et l'inquiétude flottent toujours dans l'air. Je sens vaguement quelque chose, et je vois un soulagement, surtout sur le visage de maman. Je leur demande si ça y est il est là ? Oui, la tête est sortie, je suis tellement contente. I.K. me dit qu'il faut exactement la même chose, de suite il ne faut pas traîner, on n'attend pas la contraction. Je pousse et le voilà sorti. Nathan est là, tout bleu, elle le tapote, puis il pousse son premier cri. Je suis tellement heureuse. Ouf! Nous y sommes arrivés. Elle me le pose tout en bas du ventre et me dit qu'il faut attendre la délivrance car le cordon est très court. La délivrance suit immédiatement, le placenta sort tout seul, je n'ai pas besoin de pousser. Il est tout petit, I.K. est surprise et on décide de le peser. 298 grammes. Nous sommes le 2 juillet 2016, il est 22h20 et Nathan est né. Il fait 46 cm pour 3kg075
Camille – 02/07/2016